Voyage sur Agon 5
Je me promenais vers l'est à travers Idawoll lorsqu'un brouillard me tomba dessus depuis les sommets enneigés, couvrant le sol comme une vieille couverture molle. Dans cette partie de Dvergheim, le brouillard était un visiteur fréquent, et les locaux en parlaient comme s'il s'agissait d'une entité imprévisible et malveillante. « Si Old Whiting te rattrape, un Nain pompeux m'a dit une fois, tu ferais mieux de tirer profil bas jusqu'à ce qu'il s'ennuie de ta compagnie. »
Des mots recherchés, mais un cela s'avéra un conseil avisé : Dans l'épais brouillard qui couvrait la forêt alpine, je pouvais à peine voir à plus de cinq mètres dans chaque direction, et tous les marquages du paysage étaient impossibles à distinguer. Espérant que « Old Whiting » parte avant la tombée de la nuit, j'ai ramassé du bois pour faire un feu et je montai mon camp près d'un pin géant de Dvergheim. Je n'étais pas pressé, et après tout, ce n'était pas le meilleur moment pour trouver des portails cachés.
Je suis arrivé à Idawoll grâce aux informations glanées d'un livre apparemment inintéressant, que j'avais lu dans la librairie de la cathédrale de Sanguine, et qui était intitulé : « Les Mémoires de Claude Lepeletier, Chevalier Honorable du White Order, Dans Lequel Il Nous Fait Humblement Part, Et Par La Lumière de Morgaine, De Sa Sagesse Et Nous Raconte Ses Courageuses Aventures, Qui Furent Nombreuses. »
Bien que le livre était vieux, sa rigidité impliquait que très peu de lecteurs avaient dépassé le titre épique des mémoires de Lepeletier. Vers la fin de ce livre spectaculairement turgide, cependant, le vieux Sir Windbag écrivit à propos de quelque chose plutôt intéressant, qui s'est passé au cours d'une mission ratée à Dvergheim.
Puisque je n'avais rien de mieux à faire pendant que le brouillard s'attardait, j'ai pêché mon journal des profondeurs de mon sac à dos, et je relu la section que j'avais copiée – avec une carte – des mémoires de Lepeletier :
« Malgré nos efforts ardents, la sagesse ne trouva pas de chemin d'entrée dans la dureté des têtes naines, qui correspondent à leur stature en leurs limites embarrassantes. Exaspérés et déçus, nous nous sommes dirigés vers le sud, à travers des régions qui n'étaient pas touchées par la civilisation, la cuisine décente ni la lumière de Morgaine. »
« Dans la région appelée Idawoll, près des côtes de Silverlake, un de mes scouts tomba sur une structure païenne. Un portail de pierre partiellement trop grand se tenait tout seul dans la cambrousse, loin de tout autre bâtiment, et bien qu'il ne donnait pas l'impression d'amener à un endroit, d'étranges lumières brillaient à l'intérieur du portail. »
« Pour satisfaire la curiosité de mes hommes, je me suis dirigé courageusement à travers le portail,le prenant pour une pièce d'œuvre d'art efféminée naine. A ma surprise, je fus transporté loin d'Idawoll et de mes hommes, bien que je me trouvais toujours dans une terre montagneuse avec des pins géants. Plus étrange encore, l'autre côté du portail était gardé par des Nains en armure lourde, au visage blanc et aux cheveux noirs, portant des haches, la plupart portant des motifs peints sur leurs membres et visage. Derrière ces étranges personnages, de la fumée s'élevait d'un campement sombre et lourdement fortifié, qui ne ressemblait à aucune ville naine que j'avais vu jusqu'alors. »
« Les Nains étranges s'avancèrent vers moi, mais j'étais plus rapide : En sautant en arrière avec la grâce d'un lion, je réussis à m'échapper à travers le portail avant qu'ils ne se rendent compte de ce qu'il s'était passé. Réapparaissant dans Idawoll, j'ai sauté sur mon cheval, et j'ordonnai à mes hommes de me suivre tout en galopant. Grâce à la rapidité de mes actions, nous nous sommes tous échappés saints et saufs. »
Bien que les hardis rescapés ne le réalisaient pas, les Nains qu'il a rencontré étaient évidemment svartdvergir. Appelés Nains Pâles, cette race guerroie sans arrêt avec la nation Dvergheim, menés par une déité sinistre appelée Heimar, qui – selon les rumeurs – fait partie des Usurper Gods. Pour financer leurs campagnes contre Ymir's Tear, les Enfants de Heimar vendent des armes et armures de qualité supérieure à toute race ou nation qui possède assez peu de scrupules pour commercer avec eux.
N'étant que peu scrupuleux moi même, je voulais voir ce que les légendaires forgerons svartdvergir pouvaient faire avec les quelques lingots de raudstaal que je transportais dans mon sac à dos. Que j'avertisse ou non Dvergheim de la présence du portail après (si il était toujours intact), dépendrait de l'accueil que me ferait le peuple d'Heimar, et aussi de l'utilité des services qu'il pourrait me rendre.
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